Portrait: Chef de Bataillon (er) René JOLY

Publié le par Union Nationale des Parachutistes Ain Bugey

Portait de nos anciens:

 

René JOLY

 

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C’est le 10 juin 1922 que René Joly voit le jour, dans la petite commune de Maiche située sur le plateau du même nom, à près de huit cent mètres d’altitude, au cœur du massif du Jura. Ses parents sont, comme c’était souvent le cas dans cette région et à cette époque, employés dans une fabrique d’horlogerie. Après une scolarité sans histoire, il fait comme les autres et descends pour travailler à Montbéliard et trouve un emploi à l’atelier de fabrication des moulins à café de l’usine Peugeot. Début 1942 il est arrêté par les gendarmes car recherché comme réfractaire au STO. Il est momentanément retenu à Thônes, amené à  Annecy et remis aux gardes mobiles qui le placent au camp de Novel qui est gardé par des légionnaires. Ensuite ce sera l’acheminement dans les sous-sols de la gare des Brotteaux à Lyon. Après quelques jours, il est embarqué avec de nombreux camarades réfractaires dans un train en partance pour l’Allemagne. Sur le parcours, une halte du train en pleine nature permet à certains de s’échapper et Dijon approche pour un changement de train. René profite de l’arrêt en gare, passe par une fenêtre et monte dans un autre train de voyageurs en attente de départ. Il n’a ni papiers ni billet mais le hasard lui fait rencontrer une connaissance dans un compartiment. Son ami lui apprend alors que le train est à destination de Strasbourg et que les Allemands sont partout. Risquant le tout pour le tout, il se faufile sous la banquette du compartiment, caché par les jambes des occupants des sièges. Des Allemands effectuant les contrôles de papiers il ne verra que les bottes et profitera d’un arrêt dans la petite gare de l’Isle sur le Doubs pour s’enfuir et rejoindre le domicile familial. Il est manifestement dénoncé car les gendarmes viennent à plusieurs reprises questionner sa mère, il prend alors la décision de partir, de traverser la ligne de démarcation pour rejoindre Annecy et signer un engagement dans l’armée d’armistice, au 27ème bataillon de Chasseurs Alpins. Hélas, le 27 novembre 1942, l’armée d’armistice est dissoute et le Commandant du 27ème BCA renvoi les troupes dans leurs foyers avec un congé de trois semaines. Son congé étant terminé, il se rend à la gendarmerie pour savoir ce qu’il doit faire mais il apprend que n’étant plus dans l’armée d’armistice il n’est plus protégé et de nouveau recherché pour le STO. Il réussi à se sauver et est accueilli le deux décembre 1942 avec un camarade par le Maire de Manigod qui leur trouve pour l’un un emploi à la mairie et pour l’autre un travail dans une ferme. Quelques jeunes réfractaires arrivent progressivement, René les réuni les dimanches dans une vielle ferme et ils se retrouvent une dizaine à  échafauder des plans mais sans armes, sans moyens, sans rien. En novembre 1943, deux groupes sont installés dans d’anciennes bâtisses sur les hauteurs de Manigod, à Cola et à Cernets, ce seront les embryons du Maquis. Dans la nuit du trente au trente et un janvier 1944, le lieutenant Théodose MOREL dit Ton, ancien du 27 et membre de l’AS, donne l’ordre aux deux groupes de rejoindre le plateau des Glières où les forces du Maquis sont en regroupement. Puis ce sera la nuit du 26 mars, le plateau est encerclé et les Chefs donnent l’ordre à tous les groupes de décrocher et retourner sur leurs bases. René Joly, à l’inverse de nombreux autres  parviendras avec quelques amis à passer à travers les mailles des filets et rejoindre Thônes. Il sera à nouveau pourchassé par les gendarmes mais la fin de la guerre est là et René retourne à son unité d’origine, il réintègre le 27ème BCA. En 1945, 1946 et 1947 il est stationné en Allemagne et en Autriches.

 

De retour à Annecy en 1948, il entre en conflit avec ses chefs qui veulent le muter en compagnie d’instruction alors que lui ne veut pas quitter les compagnies de combat et devenir moniteur de ski. Devant leur refus, il fait une demande de mutation dans les troupes aéroportées qu’il obtient et rejoint Philippeville en Algérie. Il est alors affecté comme Sergent Chef au 1er RCP, breveté parachutiste en 1949 ( brevet N° 33301) puis détaché au 10ème Bataillon de Chasseurs Parachutistes qui doit partir pour l’Indochine. Il embarque sur le paquebot Athos II qui le conduit après un mois de navigation à Saigon et Hanoï. Après divers engagements dans les grandes opérations ‘’sous le feu’’ auxquelles a participé son unité, il rentre en Afrique du Nord en mars 1952 avec le grade d’Adjudant et est cantonné à Bougie. Il est alors affecté au Bataillon Ecole des Troupes Aéroportées (aujourd’hui ETAP) à PAU comme Chef du secrétariat de l’Etat Major. En 1956, il sera du voyage avec les éléments de la Division Parachutiste envoyée pour intervenir sur le canal de Suez. Il va ensuite au sein de la compagnie d’instruction de la BETAP former les futurs gradés du Peloton d’Elèves Gradés et du Peloton d’Elèves Sous Officiers. C’est bien mais cela ne bouge pas beaucoup, il fait alors une nouvelle demande de mutation au 11ème Choc et le Sous Lieutenant JOLY s’installe en 1957 à Corte en Corse, comme cadre formateur montagne. Le 11ème Choc est dissout le 31 décembre 1963 et il est proposé au Capitaine JOLY de prendre le commandement du centre de Préparation Militaire Parachutiste (PMP) de Besançon. Le voilà donc parti avec femme et enfants pour cette nouvelle expérience, cela durera deux ans.

 

En 1965 sa hiérarchie le convainc de faire son temps de commandement pour pouvoir accéder au grade supérieur et il est muté comme Commandant de Compagnie au 129ème Régiment d’Infanterie à Constance en Allemagne. Après deux ans de commandement, il revient à la PMP mais à Dijon cette fois, avec le grade de Commandant. En 1971, il est sollicité pour changer car son poste ne correspond pas au grade et il lui est proposé un poste à l’Etat Major de la 11ème Division Parachutiste à Pau. Bien qu’il soit encore à deux ans avant la fin de carrière pour limite d’âge, après de longues réflexions avec son épouse et ses enfants, ne voulant pas déménager une fois de plus,  il refuse le poste et demande sa mise à la retraite. Il cherche du travail dans le civil et profite d’une opportunité indiquée par un ancien camarade militaire. En 1971, contrairement à ce qu’il avait prévu, il déménage encore avec sa famille pour venir s’installer à Miribel, comme gérant du foyer social du Trèves. Il prendra définitivement sa retraite à Miribel en 1981.    

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Veuf, René Joly a eu trois enfants, deux filles et un garçon, est grand père mais aussi arrière grand père. Titulaire de très nombreuses décorations,  et notamment:

  

● Commandeur de la Légion d’Honneur

● Médaille Militaire

● Officier de l’Ordre National du Mérite

● Croix de Guerre 1939-1945 avec trois palmes

● Médaillé de la résistance

● Croix de la Valeur Militaire

● Croix de Guerre des TOE

 

Le Chef de Bataillon (er) René Joly, discret et toujours prêt à rendre service, est un homme d’exception au passé peu commun. Il est resté vingt trois ans dans des unités parachutistes , soit les deux tiers de sa carrière sous l’uniforme. La section Ain-Bugey est honorée de l’avoir comme Président d’Honneur.

Publié dans Portrait des anciens

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